Retour sur un petit trip de six membres de haizehegoa dans les Balkans centraux. Voici nos notes pour ceux voudraient y faire un tour. En seulement une semaine, notre expérience du pays est restée très superficielle, mais nous avons pu en tirer quelques bons plans.
Pourquoi la Bulgarie ?
- C’est une destination originale et exotique : qui pense à visiter ce pays, sinon pour suivre la route du yaourt?
- Par curiosité pour l’ancien bloc de l’est, c’est un choix… raisonnable, quoique les vestiges de l’époque commencent à s’estomper.
- Caresser l’espoir de gratter du jazz manouche dans des roulottes et de voler 200 km les doigts dans le nez jusqu’à la mer noire…, puis réaliser que ce sont des idées reçues !
- Le potentiel de vol de distance en plaine et piémont est très bon. On ne s’est pas pâmés du paysage (venant du Pays Basque), mais c’est pas laid non plus et on est très loin d’avoir tout vu ! Il y a de jolis endroits et nous n’avons traversé que les petits reliefs de 2500m. Le massif de Rila au sud de la capitale est paraît-t-il magnifique, on y vole en conditions alpines.
- Sopot a accueilli une manche de coupe du Monde et les conditions de début d’automne peuvent être encore très puissantes. C’est là que nous avons établi notre camp de base.
- C’est une destination à budget raisonnable, mais c’est pas le Bangladesh non plus. Et il faut prendre l’avion.
- A la question : « reviendrez-vous voler en Bulgarie ? », la bande a globalement répondu « volontiers mais peut-être pas tout de suite » et certains de préciser « après avoir fait le tour des destinations plus proches »
Quand y aller ?
Au dire des locaux du grand site de Sopot, le printemps et le début de l’été sont encore assez humides, juillet pas mal, août atomique et septembre bien. Ensuite, ça se gâte et la neige arrive rapidement. Nous avons visité Sopot à la fin septembre, mais dans des conditions aoutiennes, avec des plafs de 2500m et du thermique puissant, mais souvent assez progressif.
Où voler ?
Sopot
Juste à côté de Karlovo. Le déco est desservi par un télésiège non-débrayable d’allure très soviétique. Ça envoie au départ et à l’arrivée ! Le déco se trouve sur la face sud du balkan central (stara beka), devant une vaste plaine. Il ne s’agit pas d’une longue muraille, mais d’une succession de combes avec plein de petites transitions. Avec la plaine sèche ça rappelle un peu Ager (catalogne), en moins beau… et plus loin! C’est joli vers l’Est et il ne faut pas hésiter à passer un peu aussi en plaine.
On vole par vent de Sud, mais aussi Nord léger. L’Est, SE et l’Ouest sont à éviter, ils provoquent des tourbillons sous le vent des avancées de la crête.
Nous avons volé la première fois ici par vent de Nord, donc sur une face Sud sous le vent de la chaîne : un dust devil de 50m de large prévenait pendant la montée que ce serait chimique! L’autre versant de la chaine n’est pas volable, il est très boisé, peu pentu et peuplé d’ours.
Nous avons décollé à chaque fois vers 13-14h le temps que l’inversion s’élève. Un ou deux tronçons supplémentaires de telesiège sont en rénovation pour décoller peut-être un jour plus haut. Le prix de la montée est plus élevé qu’à Monaco ! 5€ (10 Lev)
Traverser la plaine pour rejoindre la petite chaine de Sredna Gora et boucler en cheminant sous le vent des villages est un beau classique pour les locaux dès qu’il y a quelques cumulus.
Dobrostan
Vers la frontière grecque, près de la seconde ville du pays, Plovdiv. Encore une longue ligne de piémont face à la plaine, mais en face nord cette fois. Le vol du soir est paraît-t-il super avec une grosse restitution. Le cross classique part vers l’ouest direction Sofia, qu’il est possible d’atteindre (mais pas par nous lol) et exige de commencer par sauter la ville de Asenovgrad avec plus de 1000m (Notre guide demandait 1300).
En cas de tas ou pour le vol du soir, Il y a un atterro officiel juste au nord de la route et un paquet d’autres terrains, mais il faut surtout éviter ce grand carré appétissant : le champ de tir ! L’attero est plus à droite.
Le déco est facile mais souvent alimenté. Le club local a construit un super petit local pour se tenir au chaud avec une piaule et un balcon! Pour y accéder, depuis le centre du bled de Dobrostan, prendre la petite route qui descend à droite vers le cimetière. Parking près d’une cabane habitée et monter à pieds en 10 minutes. Il y a quelques piou-pious dont la moitié a été cramée par la foudre.
Sarayar
Un spot par vent de SE à 45 minutes de Sopot vers l’est, proche de Kazalnak, la capitale mondiale de la rose (le spectacle en mai-juin est parait-t-il fabuleux). Le vol consiste à descendre downwind vers Sopot voire plus. Bonus, on peut survoler les dômes dorés de l’église orthodoxe de Chipka édifiée en hommage aux soldats russes qui ont bouté les ottomans hors de Bulgarie et un autre spectacle irréel : la soucoupe-salle de congrès de Buzludjia, posée au sommet de la montagne pour l’anniversaire du PC en 1981… et déjà en ruine. La montée au déco se fait depuis le village de Gorno Isvorovo, elle est très longue. Nous avons filé cinq euros chacun à un vieux bûcheron qui baragouine un peu le français et propose une navette en +-30 min dans la benne de son pickup: Doncho Sarayan +359 897 947 976
Kominite
La capitale Sofia est au pied des montagnes et le bus n°11 monte jusqu’à une station de ski de fond! Ça vole depuis un spot aux airs de Salève face à Genève, mais sans le lac…. On a fait un chouia moins bien qu’Antoine Girard qui volait ici sur plus de 100 bornes vers le massif de Rila, sa trace est ici : https://www.syride.com/fr/pilotes/antoineg/814405
Le déco se rejoint par un chemin qui part un peu en aval de l’hotel Moreni (500m avant la station de ski). Il faut tirer sur la droite pour rejoindre la falaise face à la ville. Il n’y a à vue de nez qu’un seul attero possible sur Sofia et il pourrait ne pas durer longtemps : une friche végétale au bord du périph et d’un grand transformateur, un peu vers l’Est.
Nos petits conseils :
- Faire juste le strict minimum de change en France ou en arrivant et faire le reste dans les villes de province. Au moins deux bureaux à Karlovo (la ville a côté de Sopot) aux taux bien plus intéressants et sans commission. Plein de distributeurs de billets. La bulgarie n’est pas dans la zone euro mais appartient à l’UE : la sécu fonctionne, penser à demander la carte Ceam un peu avant de partir.
- J’ai appris l’alphabet cyrillique… ca n’est finalement pas indispensable, quasiment tout est écrit aussi en latin, mais ça n’est pas non plus inutile. Ma fiche de conversation pour faire du stop et dire des banalités était par contre indispensable! « Zdravei! Az sum frantsuzin. Otivam do Sopot. Govorish li angliski?”
- Beaucoup de bulgares, même dans les campagnes, ont déjà bossé en Europe de l’ouest et baragouinent un peu d’anglais, mais c’est loin d’être la majorité
- A Karlovo, on a trouvé deux bons restaus (Ресторант) :
- Копсис (Kopsis) 13 rue Ivan Popov. Pas de devanture, menu unique, pas cher, très copieux, très bon, totalement folklorique!
- Едно Време (Edno Vreme, 9 rue Rakovska), le restau le plus classieux de la ville, mais qui reste très accessible pour les occidentaux (15€). Service épouvantable mais grillades excellentes, bonne carte des vins bulgares : Merlot + Malbec Katarzyna « Contemplation »
- Le restau Dionisii (rue evlogi georgiev) dans la vieille ville a l’air super et extrêmement populaire. On a tenté deux fois, en vain. Pour la bringue non plus on n’en sait pas beaucoup plus… On nous a dit que les gens ne sortaient pas très tard dans les campagnes et en cette année covid on n’a pas vu autre chose!
- « Skynomad » l’école de Sopot nous a été bien utile pour atteindre les spots de repli et assurer la récup lorsque les conditions se sont dégradées. Des gens assez gentils et anglophones, mais il ne faut pas y aller pour la pédagogie ou le guidage, encore très perfectibles ! Le service de chauffeur est efficace, mais à ce prix, on aurait aussi bien pu rémunérer un chauffeur recruté localement pour trois-quatre smics locaux (en 2020 il est à 200€/mois), mais encore fallait-t-il le trouver (ce que nous n’avons pas su) et connaître les spots (non plus). Si c’était à refaire, on en chercherait sur Tinder pour qu’ils viennent nous prendre dès l’aéroport. Le moniteur Viper Weasel (+359 89 998 2557) parle bien anglais, est sympa et renseigne volontiers les parapentistes de passage. Le chef s’appelle Nikki (+359 89 998 2575), ça n’est pas un mauvais bougre, mais il vole avant tout pour sa pomme, même quand tu le payes…
- La loc de la camionnette pour 6 à l’aréoport a couté 276€ la semaine avec options et rachat franchise. Le plein ne coute pas bien cher. Mieux encore : louer un GPL (LPG), ça coûte que dalle, y’en a partout et c’est plus propre.
Notre journal de bord:
Jour 1 : un peu de cross sur Sopot, en dépit des prévisions défavorables avec du nord soutenu. Sous le vent du massif, les thermiques étaient velus comme des kosovars. +8 instantané, plaf 2500m. Un vol de reprise musclé pour Vincent Tip qui n’a quasiment pas pu voler cette année, mais après s’être fait tabasser dans tous les sens, il est maintenant dans d’excellentes dispositions 😉 Avec Mickael, on enroule très haut en compagnie d’un drôle d’oiseau blanc et cubique. C’était un sac arraché à la plaine par les nombreux dusts, on retrouvait aussi des feuilles de maïs au plafond! Demain, du vent fort: on basculera probablement sur la chaîne de l’autre côté de la grande plaine de Plovdiv
Jour 2 : Aujourd’hui, Deco à Dobrostan au sud du pays à cause du vent de NE fort. Ca souffle pas mal de face ici aussi et le ciel s’est bâché pour nous poser après une heure de cheminement sur les crêtes et sous quelques gouttes. Stepanek traîne un peu au déco et pose son premier cross… devant tout le monde, par la grâce d’un soleil qui refaisait son apparition le temps de s’extirper du buisson! 🙂 On a aimé le super local du club au déco et le ragout de langues de cochons arrosé d’eau au yaourt au resto de retour à Karlovo!
J3 : On revole a Dobrostan, certes un peu plus loin, mais les rosbifs qui nous accompagnent nous mettent la misère: 105km quand nous en parcourions seulement 30-40 et en plus il a fallu leur faire la récup quasiment à Sofia… Vivement le brexit 😀 https://www.syride.com/fr/pilotes/Jamo/830552
J4 : Avec du SE nous partons sur Gorno isvorovo. Montée dans la carriole du pickup d’un vieux bucheron. L’extraction est puissante mais un truc cloche derrière. Peut-être les cycles, toujours est-t-il que la moitié de l’équipe passe du plafond au tapis en 2 min. Les autres se gavent dans une chevauchée down-the-line de 40 bornes. Mika nous enfonce en dépassant Sopot puis les rosbifs pour se venger : 80 km, après un magnifique point bas sous nos yeux ébahis. https://www.syride.com/fr/pilotes/Mika64/1121999
J4 : Avec du SE nous partons sur Gorno isvorovo. Montée dans la carriole du pickup d’un vieux bucheron. L’extraction est puissante mais un truc cloche derrière. Peut-être les cycles, toujours est-t-il que la moitié de l’équipe passe du plafond au tapis en 2 min. Les autres se gavent dans une chevauchée down-the-line de 40 bornes. Mika nous enfonce en dépassant Sopot, puis les rosbifs, pour se venger 🙂 80 km après un magnifique point bas sous nos yeux ébahis. https://www.syride.com/fr/pilotes/Mika64/1121999
J5: On décolle tard de Sopot a cause d’une inversion qui peine a s’élever. Ca vole pas mal dans du teigneux mais pas tant que ca (+5-6 max) avant l’entrée du vent d’est. Je m’offre sur 40 bornes une partie du spectacle que j’ai foiré la veille, c’est super, passages sur la plaine, sur des gorges, des crêtes jusqu’à ce que l’Est contre la progression. Je rejoins le bord de la nationale en stop dans la pelle d’un bulldozer, c’est aussi ça les balkans! Daniel pose dans le jardin de notre maisonnette. A la reflexion, il regrette et ne le fera plus. Quoique, maintenant la clôture en barbelés détruite, il ne risque plus rien…
J6: la prévision mto annonce une entrée de vent fort et du plafond bas, ce qui ne semblent pas vouloir se concrétiser. On chipote un peu et laisse tomber le vol pour aujourd’hui. Pendant que Stephane manque de se faire bouffer dans la montagne par des bêtes sauvages nous voyons un ou deux bi se faire un petit vol pas fou. Pas de regrets, demain nous devrons partir tôt pour voir la capitale. Elle est nichée sous un massif de 2500m et y’a un spot à la sortie de la ville!
J7 : Nous rejoignons la capitale dans la matinée sous la pluie en 3h. Surprise, la ville qui semblait si austère avec ses barres d’immeubles s’avère finalement juste banale, mais avec des grands parcs et les bâtiments géants, signature du passé coco. Nous engloutissons un grec aussi rapidement que possible (toutes proportions gardées avec le « one moment please » bulgare) pour nous faire ensuite le plouf sur la ville. En seulement 30 min de route pavée nous rejoignons la station de ski et un allemand rencontré à Sopot, qui nous guidera vaguement avec son accent hilarant du nazi romantique de Papy fait de la résistance. Ça tient limite, le plafond est très bas et la température glaciale. On ne fait pas long feu en l’air pour rejoindre la dernière friche de Sofia puis l’aéroport.
le balkan central